Jazz au Brésil, sous le soleil de Tom Jobim et Henri Salvador: PAULA MORELENBAUM & DIDIER SUSTRAC

Henri Salvador et le Brésil, c’est une histoire d’amour qui dura toute une vie, une histoire faite de romances, de bonheurs plus discrets, d’autres vécus avec moins de retenues.

D’un pays de la langueur (*), la Guyane, il arriva à Paris en1933, se nourrit de Jazz en écoutant et fréquentant les plus grands. La France occupée, il s’envola pour l’Amérique du Sud après avoir intégré, l’orchestre de “Ray Ventura et ses collégiens”.

Ses premiers pas outre-Atlantique, il les fit à Rio de Janeiro. Au contact de musiciens de là-bas, dont certains devinrent des légendes, Ary Barroso,  Dorival  Caymmi et d’autres,  Henri se nourrit pour une vie de notes et d’accords câlins (*).

De retour en France á l’issue de la guerre, Henri entama une carrière éblouissante imprégnée des saveurs poivrées (*) de Copacabana.

Ce qu’il ignora longtemps, est que bien des années plus tard, deux de ses musiques (“Dans mon île” et “Rose”) figurant dans un film italien “Europa di noite” de Allessandro Blasetti, marquèrent profondément la génération qui créa la Bossa Nova. Antonio carlos Jobim, l’immense compositeur brésilien, vit le film et se montra séduit par les mélodies, les accords et la voix de Henri.

Roberto Menescal, l’un des autres créateurs de cette esthétique musicale déclara d’ailleurs à Henri : « Sans toi, la Bossa Nova aurait de toute façon existée, mais sans toi, elle n’aurait pas du tout été la même ».

Preuve indéfectible de ce lien entre Henri Salvador et le Brésil, Gilberto Gil, alors ministre de la culture, décora Henri de l’ordre du mérite culturel (la plus haute décoration au Brésil pour un artiste), pour sa contribution à la musique brésilienne, la même année que João Gilberto.

Son dernier album “Révérence » a été enregistré á Rio de Janeiro sous la baguette du maestro Jaques Morelenbaum, l’un des derniers arrangeurs de Tom Jobim, avec les participations de Caetano Veloso, Gilberto Gil et João Donato.

Bien des années après la disparition des deux célèbres artistes, et à l’heure où se préparent des hommages au Brésil, Paula Morelenbaum et Didier Sustrac célèbreront Henri Salvador et Antonio Carlos Jobim, dans un programme où se croiseront, sous différents rythmes, les plus beaux morceaux de leurs répertoires, ceux dans lesquels ils se seront croisés au cours de leur existence sans jamais avoir pu se rencontrer. Car ce fut bien une particularité de leurs deux vies respectives, celle de se vouer un respect mutuel profond, celle de s’imprégner l’un et l’autre de leurs musiques, sans que le destin ne les réunisse jamais face à face.

Choisir aujourd’hui Paula et Didier pour les réunir enfin sur scène, revient à épouser le temps d’une soirée les saveurs portées par l’une des voix féminines et des personnalités les plus représentatives de la musique du brésil, et les parfums d’un musicien poète un peu baroudeur, qui feront swinguer avec douceur (*) les mots portés jadis par les voix d’un grand chanteur vêtu de blanc, du nom de Salvador, et du Maestro Antonio Carlos Jobim.

Avec ce concert événement, ils réaliseront ensemble un émouvant et vibrant hommage, jamais réalisé auparavant, à deux artistes exceptionnels symbolisant le mieux le pont entre deux grandes cultures.

Pour les accompagner, un duo de musiciens, le guitariste Italo-Belge Roberto Di Fernandino, et le percussionniste brésilien, Osman Martins. Avec les participations exceptionnelles, suivant les villes parcourues, sur de Emmanuel Donzella et Dominique Cravic, auteurs compositeurs interprètes, et partenaires de Henri Salvador.

Emmanuel de Ryckel

(*) Extrait de « Bonjour et bienvenu » une version française de la chanson « Corcovado » de Antonio Carlos Jobim (paroles Michel Modo)